jeudi 3 novembre 2022

Antoine Cadec

 

Témoignage d’Antoine Cadec,

élève de terminale

au lycée Marc Bloch de Val de Reuil



Make Art Bloch fut l'une de mes plus grandes fiertés. Avoir pu faire partie d'un groupe qui a fait tellement de bien pour la vie lycéenne est d'une félicité sans équivalent. Voir des professeurs déversant un torrent de bienveillance et de courage. Voir les mouvances d'élèves, de services civiques et de toutes personnes s'accaparant la scène comme une mère bercer son enfant. Voir les applaudissements d'élèves fiers de ce qu'ils avaient pu découvrir. Tous ces événements chaleureux ont permis de métamorphoser nos vies de lycéens.

Je prendrai mon exemple, étant celui que je connais le mieux, pour illustrer mon propos. Ce groupe musical s'est construit sur les fondements d’un autre atelier qui avait pris ces racines deux ans plus tôt : l'atelier d'éloquence. Je faisais partie de ce groupe qui m'avait déjà permis de m'exprimer à travers divers concours, plaidoyer ou réquisitoire, éloge ou blâme. Mais, suite aux divers confinements liés à la pandémie, cet atelier s'est progressivement essoufflé jusqu'à disparaître. Personne n'aurait pu deviner ni même esquisser le chemin que nous allions parcourir durant ma dernière année au lycée.

L'évolution a été constamment positive entre le premier événement consacré à Joséphine Baker en novembre 2021 jusqu’au dernier de l'année dernière ayant pour thème la fraternité. Une amélioration en nombre. Sans cesse, le nombre d'intervenants actifs, voyant le succès des spectacles, ne cessait de croître : le nombre des musiciens et des interprètes (de tous âges et de toutes filières) augmenta exponentiellement et de nouveaux acteurs (comédiens ou danseurs) se sont joints au noyau initial. Cette troupe composée d'élèves et de membres du personnel a permis réellement de construire un "bloc" qui permettait, même à des élèves timides, de pouvoir vaincre leurs peurs puisque tout était fait dans la bienveillance et l’entraide. Cela a créé des liens très forts entre les élèves, comme une deuxième famille.

Les spectacles proposés étaient de plus en plus qualitatifs car le groupe était soudé et voulait toujours faire mieux. Si le premier événement n'avait réuni seulement que quelques dizaines de personnes et était assez sobre (pas d'instruments), il a planté les graines de tous les événements qui ont suivi avec de plus en plus de complicité entre la scène et le public. "Ce qui est impressionnant ce sont les mouvements sur la scène pendant et après les musiques ; on a l'impression que tout est chorégraphié" disait en substance un parent d'élève. Au fil des événements, de plus en plus de liberté et de confiance émanaient des élèves ; ils devenaient maitres de la scène ; beaucoup se sont révélés à eux-mêmes et aux autres.

Mon cas peut permettre d'illustrer ce propos. Au premier événement, j'étais chargé de mettre la musique de Joséphine Baker à la radio du lycée. Au deuxième événement, j'avais rédigé et lu un texte en hommage à Samuel Paty, accompagné d'un violoncelle et d'un piano. Au troisième événement, je suis directement allé chanter sur scène en interprétant à la guitare « Nuit et Brouillard » de Jean Ferrat. Je ne maîtrisais à l'époque que les bases de guitare, mais le groupe m'a aidé à prendre confiance pour affronter cette peur et cela m'a fait beaucoup évoluer. Au quatrième événement, sur la journée des Droits des Femmes, j'ai chanté et joué de la flûte traversière, mais j'ai surtout pu écrire et interpréter mon propre texte avec ma propre musique sur scène, en duo avec un groupe d'instrumentistes. En dehors d'être l'un de mes meilleurs souvenirs sur scène, cette expérience m'a fait évoluer de façon considérable. On m'a fait confiance et j'ai réussi à saisir cette opportunité. Le public a particulièrement apprécié cette interprétation ce qui a débouché sur la construction d'un album de musique qui est toujours en cours à l'heure actuelle. Au dernier événement, en plus d'avoir pu chanter ma propre chanson, j'ai également pu interpréter « Rue du Paradis » de Sinik, ce qui reste ma performance préférée sur scène, un trio de chanteurs. On voit bien ici qu'au fur et à mesure, j'ai atteint des contrées que je croyais inatteignables. Et mon cas est loin d'être unique.

Les spectacles n'étaient pas de simples divertissements, ils étaient un réceptacle de valeurs : respectivement la laïcité, la mémoire, le droit des femmes et la fraternité. Cette dimension pédagogique a filé nos événements, créant de nombreuses activités associées à ces spectacles : réflexions autour de cafés-débats, explication d'événements au sein des interprétations par l'intermédiaire d'un orateur, diffusion de musique lors de la semaine...

En conclusion, la création du groupe Make Art Bloch est une réelle et belle réussite, tant pour la transmission de valeurs que pour la mise en valeur de nombreux élèves et de certains professeurs… qui sont devenus des partenaires à nos yeux.


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